Expo fondation cartier

Admiratifs de grands espaces, comme cette route 40 en Argentine (souvenirs), nous nous devions de faire un tour pour voir le dernier travail de Depardon. À notre grande surprise, il ne s'agit pas de grands espaces mais d'un espace laissé à la parole, et plus particulièrement aux langues en voie d'extinction. Chili, Bolivie, Amazonie, France, Brésil, l'auteur nous dresse un reportage saisissant. Point de vue frontal, sous titrage en superposition aux bandes noires connotant la censure, image monumentale et ultra précise, le message est sans détour. Depardon par son esthétisme rigoureux, et cette distance relative des témoignages, arrive à nous plonger littéralement dans l'image, dans les langues et les histoires de peuples inconnus et négligés par le monde dit "civilisé".
Dans la seconde pièce, une autre projection : un tour du monde en 14 jours à travers de grandes métropoles, Washington, Le Cap, L.A, Singapour, … Contre toute attente l'auteur filme le banal sans son, mais dans une plasticité en droite ligne de son travail. Ce reportage dit rien, mais pose un regard objectif sur le passage à travers de grandes villes. Évidemment ces deux films séparés se répondent dans le fond comme dans la forme, et offre ainsi une nouvelle dimension à chacun d'entre eux.

Au sous sol, le travail de Paul Virilio : dans la première salle, salle d'attente, la démonstration technologique de nombreux écrans est anecdotique et ne convint pas. Le discours sur la société d'hypervitesse, que l'on va droit dans le mur, que tout va trop vite, non plus. Dans la seconde salle, un film propose une transposition graphique de statistiques sur les flux migratoires humains actuels et futurs assez remarquable pour être séduit. Entre chaque séquence, on assiste à une représentation illustrative du propos, une mise en scéne naïve, répétitive, fatiguante : dommage.